Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TRAGÉDIE. 15^

Un peuple obéilssant vous attend à genoux , Sous un Ciel plus heureux et plus digne de vous. Le Pont vous reconnoît dès longtemps pour sa reine. Vous en portez encor la marque souveraine ; Et ce bandeau royal fut mis fur votre front Comme un gage affuré de l’empire de Pont. Maître de cet état que mon père me laide , Madame , c’est à moi d’accomplir sa promesse. Mais il faut , croyez-moi , fans attendre plus tard , Ainsi que notre hymen , presser notre départ. Nos intérêts communs & mon cœur le demandent. Prêts à vous recevoir, mes vaisseaux vous attendent ; Et du pied de l’autel vous y pouvez monter , Souveraine des mers qui vous doivent porter.

M G N I M E.

Seigneur , tant de bontés ont lieu de me confondre. Mais, puisque le temps presse, et qu’il faut vous répondre Puis-je , laissant la feinte et les déguifemens , Vous découvrir ici mes secrets sentimens i

Pharnace. Vous pouvez tout.

M O N I M E.

Je crois que je vous suis connue. Ephèse est mon pays. Mais je suis descendue D’aïeux, ou rois. Seigneur, ou héros, qu’autrefois Leur vertu , chez les grecs , mit au-dessus des rois. Mithridate me vit. Ephèse et l’Ionie A son heureux empire était alors unie. 11 daigna m’envoyer ce gage de sa foi. Ce fut pour ma famille une fuprême loi. Il fallut obéir. Esclave couronnée Je partis pour l’hymen où j’étais destinée. Le roi, qui m’attendait au sein de ses états , Vit emporter ailleurs ses dedeins & Ces pas ; Et , tandis que la guerre occupoit fon courage , M’envoya dans ces lieux éloignés de l’orage. J’y vins. J’y fuis encor. Mais cependant. Seigneur» Mon père paya cher ce dangereux honneur j

�� �