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TRAGÉDIE, 179

Chacun à ce fardeau veut dérober fa tête. Le grand nom de Pompée aflure fa conquête. C'eil l'effroi de l'Aile. Et , loin de l'y chercher , C'eft à Rome, mes fils , que je prétends marcher. Ce dtfTein vous furprend, & vous croyez peut-être , Que le feul défefpoir aujourd'hui le fait naître. J'excufe votre erreur. Et , pour être approuvés ,' De femblables projets veulent être achevés.

Ne vous figurez point que , de cette contrée , Par d'éternels remparts Rome foit féparéc. Je fais tous les chemins par où je dois pafler ; Et fi la mort bien-tôt ne me vient travcrfer. Sans reculer plus loin l'effet de ma parole , Je vous rends , dans trois mois , au pied du Capîtole. Doutez-vous que l'Euxin ne me porte, en deux jours. Aux lieux où le Danube y vient finir fon cours j Que du Scythe , avec moi, l'alliance jurée. De l'Europe en ces lieux ne me livre l'entrée î Recueilli dans leurs ports , accru de leurs foldars. Nous verrons notre camp groffir à chaque pas. Daces , Pannoniens , la fière Germanie , Tous n'attendent qu'un chef contre la tyrannîcé Vous avez vu l'Efpagne , &: fur-tôut les Gaulois , Contre ces mêmes murs qu'ils ont pris autrefois , Exciter ma vengeance , & , jufques dans la Grèce , Par des ambaffadeurs accufer ma pareflc. Ils favent que fur eux , prêt à fe déborder , Ce torrent, s'il m'entraîne, ira tout inonder ; Et vous les verrez tous , prévenant fon ravage , Guider dans l'Italie, & fuivre mon paflage.

C'cft-Ià qu'en arrivant , plus qu'en tout le chemin , Vous trouverez par-tout l'horreur du nom Romain 5 Et la triftc Italie encor toute fumante Des feux qu'a rallumés fa liberté mourante. Non , princes , ce n'eft point au bout de l'univers Que Rome fait fentir tout le poids de fes fers ; Et, de près, infpirant les haînes les plus fortes , Tes plus grands eaaciuis , Rome , font à tes portes.

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