Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/246

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138 I P H I G E N I E,

Je vois Iphigénic encre les bras d'un père ;

Elle fait tout l'orgueil d'une fuperbe mère ;

Et moi, tcujouis en buccc à de nouveaux dangers,

Remife, dès l'enfonce , en des bras étrangers ,

Je reçus , & je vois le jour que je refpire ,

Sans que mère ni père ait daigné me fourire.

J'ignore qui je fuis ; &, peur comble d'horreur.

Un oracle effrayant m'attache à mon erreur ;

Et, quand je veux chercher le fang qui m'a fait naîtti

Me dit que, fans périr, je ne me puis connaître.

D o ». I s. Non , non , jufques au bout vous devez le chercher. Un oracle toujours fe plait à fe cacher ; Toujours , avec un fcns, il en prcfentc un autre. En perdant un faux nom , vous reprendrez h vôtre. C'eit-là tout le danger que vous pouvez courir 5 Et c'ell:, peut-être , ainli que vous devez périr. Songez que votre nom fut changé dès l'enfance.

E R I P H I L E.

Je n'ai de tout mon fort que cette connoifTance y Et ton père, du refte infortune témoin. Ne me permit jamais de pénétrer plus loin. Hélas, dans cette Troie , où j'étois attendue. Ma gloire, difoit-il, m'alloit être rendue ! J'allois, en reprenant 6c mon nom & mon rang. Des plus grands rois, en moi, reconnoitre le fang. Déjà je découvrois cette fameufe Ville. Le Ciel mène à Lefbos l'impitoyable Achille ; Tout cède , tout reiïcnt Ces funelles efforts. Ton père , enfeveli dans la foule des morts , Me laiffe dans les fers à moi-même inconnue ; Et, de tant de grandeurs, dont j'étois prévenue,' Vile efclave des Grecs , je n'ai pu conferver Que la fierté d'un fang que je ne puis prouver.

D o R I s. Ah, que perdant, Madame, un témoin fî fîdele, La main qui vous l'ota vous doit f^mbler cruelle i

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