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275 I P H I G E N I E,

��SCENE VIII.

A G AME MN ON, EURYBATE, Cardes.

EURYEATE. •^ EIGNEUR.

Agamemnon

Que vais-je faire î Puis-je leur prononcer cet ordre fanguinaire î Cruel, à quel combat faut-il te préparer I Quel eft cet ennemi que tu leur vas livrer î Une n:»ère m'attend , une mère intrépide , Qui défendra fon fang contre un père homicide. Je verrai mes foldats , moins barbares que moi > Refpeûer dans fes bras la fille de leur roi. Achille nous' menace, Achille nous méprife. Mais ma fille en eft-elle à mes loix moins foumife ? Ma fille , de l'autel cherchant à s'échapper , <jémit-elle du coup dont je la veux frapper ? Que dis-je ? Que prétend mon facrilege zèle ? Quels vœux, en l'immolant, formerai-je fur elle ? Quelques prix glorieux qui me foient propofés , Quels lauriers me plairont de fon fang arrofés î Je veux fléchir des dieux la puiflance fuprême. Ah, quels dieux me feroient plus cruels que moi-même I Non, je ne puis. Cédons au fang, à l'amitié. Et ne rougiflbns plus d'une jufte pitié. Qu'elle vive. Mais quoi ? Peu jaloux de ma gloire , Dois-je au fuperbe Achille accorder la viâoire î Son téméraire orgueil, que je vais redoubler. Croira que je lui cède, & qu'il m'a fait trembler. De quel frivole foin mon efprit s'cnibarraflTe ? Ne puis-je pas d'Achille humilier l'audace ? Que ma fille à Ces yeux foit un fujet d'ennui : Il l'aime. Elle vivra pour un autre que lui.

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