Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/289

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TRAGÉDIE. 18 1

Songez, Seigneur, fongez à ces nioifiTons de gloire Qu'a vos vaillances mains préfente la viftoire. Ce champ il glorieux, où vous afpirez tous, on fang ne l'arrofe , eft ftcrile pour vous. ell la loi des dieux à mon père dictée. r.ii vain , fourd à Calchas, il l'avoit rejettée. Par la bouche des Grecs contre mot conjurés , Leurs ordres éternels fe font trop déclarés. Partez. A vos honneurs j'apporte trop d'obftacles. Vous-même dégagez la foi de vos oracles. Signalez ce héros à la Gicce promis , Tournez votre douleur contre fes ennemis. Déjà Priam pâlit. Déjà Troie , en allarmes , Redoute mon bûcher , 6c frémit de vos larmes. Allez ; &, dans fes murs vuides de citoyens , Faites pleurer ma mort aux veuves des Troyens. le meurs dans cet efpoir fatisfaite &: tranquille. Si je n'ai pas vécu la compagne d'Achille , l'efpère que du moins un heureux avenir, A vos faits immortels joindra mon fouvenir ; Et qu'un jour mon trépas , fource de votre gloire , Ouvrira le récit d'une li belle hiftoire. Adieu, prince, vivez digne race des dieux.

Achille. "Non, je ne reçois point vos funeftcs adieux. En vain , par ce difcours , votre cruelle adrclîe Veut fervir votre père , & tromper ma tendreiTe. En rain vous prétendez, obUinée à mourir, IntérefTer ma gloire à vous lailîer périr. Ces moiffbns de lauriers, ces honneurs, ces conquêtes. Ma main , en vous fervant , les trouve toutes prêtes. Et qui de ma faveur fe voudroit honorer , Si mon hymen prochain ne peut vous aflurer î Ma gloire , mon amour, vous ordonnent de vivre. Venez , Madame , il faut les en croire , & me fuivre.

•I p H I G Ë N I E.

Qui, moi ? Que, contre un père ofant me révolter. Je mérite la mort que j'icois éviter î

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