Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/366

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3î8 PHEDRE,

Tout femble s'élever contre mon injufticc. L'éclat de njon nom e^ême augmente mon fupplicc. Moins connu des mortels , je me cacherois mieux. Je hais jufques aux foins dont m'honorent hs dieux; Et je m'en vais pleurer leurs faveurs meurtrières , Sans plus les fatiguer d'inutiles prières. Quoi qu'ils fiiïènt pour moi, leur funefte bonté Ne me fauroit payer de ce qu'ils m'ont ôté.

P H E u R E.

Non , Théfee , il faut rompre un injufte filcnce. Il faut à votre fils rendre fon innocence. Il n'étoit point coupable.

Thésée.

Ah , père infortuné I Y.t c'eft fur votre foi que je l'ai condamné ! Cruelle, penfez-vous être afîez excufée ! . , .

Phèdre. Les momens me font chers , écoutez-moi , Théfée. C'eft moi qui , fur ce fils challe Se refpeftueux , Ofai jetter un œil profane , inceftueux. Le ciel mit dans mon fein une flamme funelle. La déteftable (Snone a conduit tout le rcfte. Elle a craint qu'Hippolyte , inftruit de ma fureur , Ne découvrît un feu qui lui faifoit horreur. La perfide , abufant de ma foibleffe extrême , S'eft hâtée à vos yeux de l'accufer lui-même. Elle s'en eft punie ; & , fuyant mon courroux, A cherché dans les flots un fupplice trop doux. Le fer auroit déjà tranché ma deftinée , Mais je laiflbis gémir la vertu foupçonnée. J'ai voulu, devant vous expofant mes remords ; Par un chemin plus lent defccndre chez les morts. J'ai pris , j'ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poifon que Médée apporta dans Athènes. Déjà jufqu'à mon cœur le venin parvenu , Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu. Déjà je ne vois plus qu'à travers un nuage , Et le ciel ôc l'époux que ma préfcnce outrage ;

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