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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/104

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passa le reste du jour dans une extrême agitation. Ne pouvant demeurer en place, il sortit le soir sans savoir où il porterait ses pas et se trouva bientôt au bord de la mer, sur le chemin de la villa Altieri. Quelques pêcheurs et quelques lazzaroni se tenaient sur la plage en attendant le retour des barques de Santa Lucia. Vivaldi, les bras croisés, son chapeau rabattu sur ses yeux, suivait les bords de la baie, écoutant le murmure des flots qui venaient se briser à ses pieds, sans presque avoir conscience de ce qu’il voyait, abîmé comme il l’était dans ses rêveries mélancoliques. Il se rappelait combien de fois, près d’Elena, il avait joui de ce même spectacle qui s’offrait alors à ses regards, et le contraste de ce souvenir avec sa situation présente le jeta dans toutes les angoisses du désespoir. Il s’accusait de son inaction, pourtant bien involontaire, et quoiqu’il ne sût dans quelle direction se hasarder pour chercher sa bien-aimée, il résolut de quitter Naples et de ne pas rentrer dans le palais de son père jusqu’à ce qu’il eût arraché Elena à ses ravisseurs. Il accosta des pêcheurs qui causaient ensemble et demanda si l’on voudrait bien lui louer un bateau pour longer la côte ; car il supposait qu’Elena, enlevée de la villa Altieri, avait dû être conduite par eau à quelque couvent situé sur la baie.

— Je n’ai qu’un bateau, répondit un des pêcheurs, et il est retenu ; mais mon camarade peut faire votre affaire. Eh ! Carlo, cria-t-il, peux-tu prendre monsieur dans ton petit bateau ?

Le camarade Carlo ne répondit pas : il pérorait à ce moment au milieu d’un groupe qui l’écoutait