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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/132

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masqués l’ont amenée ici de force sur l’ordre de personnes étrangères, qu’il ne lui reste pas un seul parent, pas un protecteur naturel qui puisse défendre sa liberté et la réclamer des mains de ses ennemis ! Oh ! mon bon père, si vous saviez tout cela, vous n’hésiteriez pas à prendre pitié d’elle et à la sauver !

Le religieux arrêta de nouveau sur Elena un regard plein de compassion.

— Tout cela peut être vrai, dit-il, mais…

— Je vous comprends, mon père, vous voudriez des preuves. Mais comment vous en fournir ici ? Ah ! je vous en conjure, fiez-vous à ma parole de gentilhomme. Et si Dieu vous inspire quelque désir de nous secourir, cédez-y sur-le-champ : il en est encore temps, personne ne vient. Hâtez-vous.

— Pauvre créature ! disait le père comme pour lui-même mais assez haut pour être entendu. Elle, dans cette chambre ! Dans ce lieu funeste !

— Funeste ! s’écria Elena qui n’avait pas compris le sens de cette exclamation. Oui cette chambre est celle où a péri une pauvre religieuse, et j’y ai été conduite par trahison pour subir le même sort !

— Quoi, ici ! répéta Vivaldi avec l’accent du désespoir. Leur affreux cachot ! leur in pace ! Ah ! je comprends tout, je devine le piège horrible qu’ils nous ont tendu ! Mon père, au nom du ciel, si vous êtes disposé à nous secourir, profitez donc du moment qui nous reste !

Le religieux, qui avait tressailli lorsque Elena avait fait allusion à la religieuse enfermée et morte dans ce lieu, devint pensif. Sa tête se pencha sur