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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/141

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plutôt, dites-moi que vous espérez vous conserver à moi, et l’espérance alors renaîtra dans mon cœur !

La chaleur avec laquelle il s’exprimait fit sortir l’orpheline de la réserve qu’elle s’était imposée et, oubliant ses irrésolutions, elle lui dit avec un sourire d’une inexprimable douceur :

— Je ne veux me livrer ni à la crainte ni à l’espérance, et je ferai mieux de n’écouter que mon cœur ; car, j’ai beau dire, je crois que je ne pourrai jamais renoncer à vous. Non, je ne saurais supporter l’idée que vous doutiez de mon attachement, ne fût-ce qu’un instant ! Et comment pouvez-vous croire que je sois insensible au vôtre, que je sois capable d’oublier les périls que vous avez bravés pour m’arracher à ma prison, et d’abjurer tout sentiment de reconnaissance ?

— Ah ! voilà le mot cruel que je ne puis entendre ! s’écria Vivaldi. De la reconnaissance ! Je ne sais si je n’aimerais pas mieux votre haine que ce sentiment froid et raisonné qui prend le caractère du devoir.

— Ce mot a pour moi un sens bien différent que celui que vous y attachez, reprit Elena toujours souriante. Il comprend tout ce que l’affection peut avoir de tendre et de dévoué et, si c’est un devoir, l’obéissance qu’il entraîne est pleine de douceur.

— Ah ! chère Elena, répondit le jeune homme, j’en crois votre aimable sourire plus encore que votre explication ; mais, je vous en supplie, n’employez plus avec moi ce mot banal de reconnaissance ! Ma confiance s’affaiblit quand je l’entends prononcer.