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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/143

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Faites la sourde oreille s’ils vous demandent d’entrer chez vous ; sinon, après leur départ, vous pourriez bien trouver à l’étable quelques bêtes de moins.

Le vieux berger leva les mains et les yeux au ciel.

— Ce que c’est que le monde ! fit-il. Je vous remercie bien de votre avis ; ces gens-là ne passeront pas le seuil de ma porte. Et s’ils voulaient me maltraiter pour cela, vous viendriez à mon aide, n’est-ce pas ?

— N’en doutez pas mon ami, dit Vivaldi.

Et le berger sortit de la maison. Ils s’enfermèrent, et Paolo se hasarda à regarder au travers de la jalousie. Elena tremblante dit à voix basse à Vivaldi :

— J’ai peur. Si c’étaient de vrais pèlerins, leur route ne les mènerait pas dans ce pays désert. On les aura envoyés après nous, et ils auront été instruits par ceux que nous avons rencontrés du chemin que nous avons pris.

— Ce n’est guère probable, répondit Vivaldi. Cependant il est possible aussi que ce ne soient que des religieux retournant à quelque couvent situé sur le lac de Celano.

— Je n’entends ni ne vois rien, dit Paolo en quittant la jalousie.

Un moment après, ils entendirent la voix du vieux berger qui disait :

— Ils sont partis, vous pouvez ouvrir.

— Quel chemin ont-ils pris ? demanda Vivaldi en faisant entrer le vieillard.

— Je ne puis le dire, monsieur, car je les ai perdus de vue.