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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/158

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Par cette porte… au milieu de la nuit… Lorsqu’elle sera plongée dans le sommeil…

— Je vous comprends, dit vivement la marquise. Mais quel besoin d’une porte secrète dans une maison isolée, habitée par une seule personne dont vous êtes sûr ?…

— De cette chambre, continua Schedoni, un passage conduit à la mer. Là, dans les ténèbres, jetée aux flots qui l’emporteront…

— Paix ! murmura la marquise, quel bruit est-ce là ?…

Ils écoutèrent et distinguèrent dans l’éloignement les sons graves et plaintifs de l’orgue, auxquels se mêla une psalmodie mélancolique.

— C’est un chant de mort ! observa la marquise.

— Dieu fasse paix au trépassé ! dit Schedoni en faisant le signe de la croix.

La marquise était toute troublée. Elle s’éloigna un moment de Schedoni et erra quelque temps dans le cloître. Son agitation la fit trembler de tous ses membres, elle chancela et fut forcée de s’asseoir. Peu s’en fallut qu’elle ne tombât à genoux.

Le confesseur l’observait avec mépris.

« Ce que c’est qu’une femme ! pensait-il. Esclave de ses passions, si l’orgueil et la vengeance parlent à son cœur, elle défiera tous les obstacles et sourira complaisamment à la pensée du crime ; mais faites impression sur ses sens, que la musique détende ses nerfs et remue son imagination, aussitôt toutes ses idées vont changer. Elle aura horreur de cette même action qui tout à l’heure lui paraissait vertue