Aller au contenu

Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mettez-vous.

Vivaldi ne répliqua point, et l’inquisiteur après un moment de silence ajouta :

— N’avez-vous jamais été dans l’église du Spirito Santo à Naples ?

Le jeune homme tressaillit.

— Avant de répondre à cette question, dit-il, je demande le nom de mon accusateur.

— Je vous fais observer, dit l’inquisiteur, que ce nom reste toujours caché à l’accusé. Eh ! qui voudrait remplir son devoir en dénonçant le crime s’il s’exposait ainsi à la vengeance du criminel ?

— Au moins doit-on me faire connaître les témoins qui déposent contre moi.

— Pas davantage, et pour les mêmes raisons.

— Ainsi donc, s’écria Vivaldi, c’est le tribunal qui est à la fois accusateur, témoin et juge ! Je vois, par ce que vous m’apprenez, qu’il ne me sert de rien d’avoir une conscience irréprochable puisqu’il suffit d’un ennemi, d’un seul ennemi, pour me perdre !

— Vous avez donc un ennemi ? demanda l’inquisiteur.

Vivaldi ne pouvait douter qu’il en eût un ; mais il n’avait pas de preuves assez positives pour nommer Schedoni. D’un autre côté, l’arrestation d’Elena l’aurait conduit aussi à accuser une autre personne, s’il n’eût frémi d’horreur à l’idée que sa mère eût concouru à le faire jeter dans les prisons de l’Inquisition. Et comme il se taisait :

— Vous avez donc un ennemi ? répéta l’inquisiteur.

— Ma situation le prouve assez, répondit Vivaldi.