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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/190

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parmi eux et jamais il n’avait obtenu aucune des dignités électives de la communauté ; il avait eu l’humiliation de se voir préférer plusieurs de ses frères, beaucoup moins zélés que lui pour l’observation des règles monacales. Il reconnut enfin que son ambition fourvoyée n’avait rien à espérer de ses frères ; aussi résolut-il de se frayer d’autres routes. Il était, depuis quelques années déjà, confesseur de la marquise de Vivaldi lorsque la conduite du fils lui suggéra de se rendre par ses conseils, non seulement utile, mais même nécessaire à la mère. Il avait étudié le caractère de cette femme, à l’esprit faible, aux sentiments passionnés ; il savait que s’il trouvait moyen de servir ses entraînements aveugles, sa fortune à lui serait bientôt faite. Il ne songea donc qu’à s’insinuer peu à peu dans la confiance de la marquise. Ce qu’il fit avec tant de succès qu’au bout d’un certain temps il devint l’oracle de sa conduite, avec tous les ménagements et la délicatesse affectée que lui prescrivait le saint caractère dont il était revêtu. Une haute dignité ecclésiastique, depuis longtemps convoitée, lui fut assurée par la marquise, dont le crédit la mettait en état d’obtenir cette faveur, à condition qu’il sauverait l’honneur de la famille Vivaldi compromis par la perspective d’une mésalliance. On a déjà vu par quels artifices et avec quelle patience le confesseur avait su associer l’orgueil de la marquise à ses propres desseins. Le moment du dénouement était proche ; il était prêt à commettre le crime atroce qui devait servir de marchepied à sa fortune. Un peu de trouble avait pu l’arrêter à l’instant