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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/199

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nt surtout que je sens le malheur d’être privée de son appui !

— Son nom ! interrompit Schedoni.

— Il faut le respecter, dit Elena, c’est celui d’un homme bien malheureux.

— Son nom ? vous dis-je.

— J’ai promis de le taire.

— Sur votre vie, je vous ordonne de me le dire. Pensez-y bien. Ce nom ?

Elena tremblante continuait à garder le silence et ses yeux suppliants demandaient grâce, mais Schedoni renouvela sa question avec tant de violence qu’il lui fallut céder.

— Son nom ? dit-elle. C’était le comte de Marinella.

Schedoni jeta un grand cri et se cacha la tête dans ses mains ; mais, bientôt après, maîtrisant le trouble qui l’agitait, il revint à Elena, la releva de l’attitude suppliante qu’elle avait prise, et lui demanda vivement quel pays avait habité son père.

— Il demeurait bien loin d’ici, dit-elle.

Mais il voulut une réponse plus précise et elle la lui donna. Il se mit alors à pousser de profonds soupirs, à marcher dans la chambre sans parler et, pendant quelque temps, il sembla ne rien voir ni rien entendre. Elena s’effrayait de ce silence ; mais la crainte et l’étonnement firent bientôt place à une vive émotion lorsqu’elle vit Schedoni se rapprocher d’elle, ses yeux la fixer avec attendrissement, son visage s’adoucir et son trouble se dissiper. Il ne pouvait encore proférer une parole. À la fin cependant son cœur se soulagea, et l’insensible, le farouche moine laissa échapper des pleurs et des sanglots. Il s’assit à côté d’Elena, lui prit une