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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/201

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t son visage mouillé des larmes qu’il versa sur elle. Elle pleura en le voyant pleurer, et cependant ses larmes et ses doutes n’étaient pas entièrement dissipés. Quelques preuves que pût avoir Schedoni du titre qu’il s’était donné, elle les ignorait encore ; et la voix de la nature ne suffisait pas pour lui inspirer une confiance sans borne. Sa délicatesse prit ombrage des caresses d’une personne qui, tout à l’heure encore, lui était inconnue. Elle essaya de se dégager de ses bras, et Schedoni, devinant la cause de ce mouvement, s’écria avec douleur :

— Ah ! pouvez-vous donc vous méprendre sur la cause de mon émotion ? N’y voyez-vous pas les effets de l’affection paternelle ?

— Hélas ! comment puis-je savoir, répondit ingénument la jeune fille. Cette affection, jusqu’ici je ne l’ai pas connue !

Il cessa de la tenir embrassée et la considéra quelque temps en silence.

— Ah ! pauvre créature, dit-il, vous ignorez toute la force de vos paroles, dont chacune pénètre dans mon cœur comme un fer rouge ! Il est trop vrai, vous n’avez jamais su jusqu’à ce jour ce que c’est que la tendresse d’un père.

Sa physionomie se rembrunit, et il recommença à marcher avec agitation. Elena, oppressée par tant d’émotions, n’avait plus la force de l’interroger ; mais elle s’efforça d’éclaircir ses doutes, en comparant les traits de Schedoni avec ceux du portrait. Il y avait entre les caractères des deux physionomies toutes les différences que l’âge avait dû y mettre. La figure du portrait était celle d’un beau jeune homme, souriant à toutes les illusions de l’orgueil