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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/202

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et du plaisir ; celle du moine, au contraire, sombre, sévère, marquée de rides par la méditation autant que par le temps, obscurcie par l’habitude des passions farouches, laissait croire qu’il n’avait pas souri depuis le jour où le portrait avait été fait. Malgré cette différence si tranchée, les deux têtes avaient la même expression de hauteur dédaigneuse ; et la jeune fille perçut avidement cette ressemblance qui ne suffisait pas cependant pour la persuader que le jeune et beau cavalier et le sombre confesseur ne fussent qu’une seule et même personne.

Dans le tumulte de ses premières pensées, Elena ne s’était pas encore arrêtée sur la circonstance si étrange de cette visite nocturne de Schedoni. Plus calme alors et moins effrayée par les regards adoucis du moine, elle se hasarda à lui en demander la raison.

— Il est plus de minuit, dit-elle. Quel motif si impérieux, mon père, vous a amené dans ma chambre à cette heure avancée ?

Schedoni tressaillit et ne répondit pas.

— Ne veniez-vous pas, continua-t-elle, pour m’avertir du danger que je courais ?

— Du danger ? balbutia-t-il.

— N’auriez-vous pas découvert les cruels desseins de Spalatro ?

— Vous avez raison, s’empressa-t-il de dire tout troublé, vous avez raison… Mais ne parlons plus de cela. Pourquoi revenir encore sur ce sujet ?

Ces paroles surprirent Elena qui, voyant les traits de Schedoni redevenir sombres, n’osa pas lui faire remarquer que c’était la première fois qu’elle l’int