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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/232

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seule, échappant à tous les regards, elle s’abandonnait sans contrainte à sa mélancolie. Quelquefois à l’aide de ses livres ou de ses crayons, elle cherchait à tromper ses inquiétudes sur le sort de son amant dont elle n’avait pas de nouvelles, malgré les promesses de Schedoni. Et, quand son imagination se reportait sur les scènes qui lui avaient fait découvrir sa famille, elle croyait se rappeler un rêve terrible plutôt que des événements véritables. À certains moments, l’idée qu’elle était la fille de Schedoni lui causait une impression d’effroi dont elle n’était pas maîtresse. Les premières émotions qu’elle avait éprouvées à sa vue avaient été si étrangères à la tendresse filiale qu’elle ne pouvait trouver dans son cœur les sentiments d’amour et de vénération que devait exciter le titre sacré de père.

Parmi ses compagnes plusieurs lui étaient chères ; mais aucune ne lui inspirait une affection aussi tendre que celle qu’elle conservait pour sœur Olivia dont le souvenir lui était toujours présent. Elle regrettait amèrement que cette excellente amie ne fût pas religieuse au couvent de la Pietà plutôt qu’à San Stefano. Son cœur était partagé entre ce doux souvenir et l’effroi que lui inspirait la marquise dont le caractère ne lui était que trop connu, quoiqu’elle ignorât une partie de la vérité. Elle s’efforçait cependant d’adoucir l’idée terrible qu’elle s’était faite de la haine que lui portait la mère de Vivaldi. Si elle avait su jusqu’où cette haine, suscitée par l’orgueil de race, avait entraîné la marquise, elle se fût ensevelie pour jamais dans le cloître, parmi les saintes sœurs qui lui donnaient asile. Quelquefois