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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/244

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cruel ennemi ; mais, par cela même, je me trouve obligé d’être juste envers lui. Car, sans cela, on m’accuserait, et je m’accuserais moi-même d’obéir à mes ressentiments. Je n’ai aucune preuve qu’il soit le comte de Bruno ni qu’il ait commis les crimes dont vous parlez, et je ne puis pas me faire l’instrument d’une dénonciation qui traduirait un homme devant ce terrible tribunal qui condamne à mort sur un soupçon.

— Vous doutez donc de la vérité de ce que j’affirme ? dit le moine avec hauteur.

— Pourquoi croirais-je aux paroles d’un homme qui refuse même de dire son nom.

— Mon nom n’est plus, dit l’inconnu, il est condamné à l’oubli. Mais qu’importe ? Ce que je vous ai dit en est-il moins vrai ?

— Une accusation sans preuves !… s’écria Vivaldi.

— Oui, reprit l’étranger, il est certains cas où rien n’oblige de fournir des preuves. On ne vous demande pas d’intenter vous-même l’accusation, mais seulement de faire appeler en justice celui qui produira les charges.

— Et cependant j’aurai concouru à une dénonciation qui peut n’être qu’une calomnie. Si vous êtes convaincu, vous, des crimes de Schedoni, que ne faites-vous appeler vous-même le père Ansaldo devant le tribunal ?

— Je ferai plus, je paraîtrai, dit le moine en donnant à ce mot une certaine solennité.

— Vous paraîtrez comme témoin ?

— Oui, répliqua le moine, comme témoin redoutable. Assez de questions maintenant. Ou