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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/257

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— Me connais-tu ? dit cet homme à Schedoni d’un ton terrible, en se plaçant en face de lui.

— Si je te connais ! balbutia Schedoni.

— Et connais-tu ceci ? ajouta l’inconnu en élevant la voix et en tirant un poignard de dessous sa robe. Reconnais-tu ces taches ineffaçables ?

Et en même temps, il brandit le poignard et le mit sous les yeux de Schedoni.

Celui-ci détourna la vue, et parut près de défaillir.

— C’est de ce poignard que ton frère a été percé ! reprit le terrible inconnu. Ai-je besoin de t’en dire davantage ?

Le courage de Schedoni l’abandonna, et il fut obligé de s’appuyer contre un des piliers de la salle. Il se fit une grande rumeur et un mouvement général. Plusieurs membres du tribunal quittèrent leurs sièges. Cependant le moine restait debout, le poignard à la main, devant Schedoni qui se détournait en tremblant. Enfin le grand inquisiteur demanda aux juges de reprendre leurs places et aux officiers de revenir à leur poste. Quand la confusion fut dissipée :

— Mes révérends pères, dit-il, nous vous recommandons dans une affaire de cette importance le silence, l’ordre et le calme. Laissons l’interrogatoire des parties en cause suivre son cours, et nous examinerons ensuite si nous devons admettre la nouvelle accusation. Quant à présent, il convient que l’accusateur soit entendu et que le père Schedoni le soit à son tour.

Vivaldi profita du silence qui se rétablit pour réclamer un moment d’attention.