Aller au contenu

Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maître. Mais Paolo refusa nettement d’obéir, sans plus de ménagement pour le tribunal que pour les gardes. Il fallut employer la force ; néanmoins Paolo, criant et suppliant, obtint de guerre lasse qu’on lui permît de se tenir à quelque distance de son maître.

Cet épisode terminé, la séance s’ouvrit. Le père Ansaldo et le Père Zampari parurent comme témoins, ainsi que le prêtre romain qui avait reçu la déposition de l’assassin mourant. Interrogé à part, cet abbé respectable avait attesté l’authenticité de l’écrit produit par le père Zampari, d’autres témoins encore avaient été assignés. À son entrée dans la salle, Schedoni avait un maintien ferme et assuré qui ne se démentit pas en présence du prêtre romain. Mais il pâlit et parut se troubler à l’apparition d’un nouveau témoin. On commença par lire la déposition de l’assassin, dont on apprit qu’il se nommait Spalatro. Elle relatait avec précision des faits dont voici l’analyse.

« Vers l’année 1742, le feu comte de Bruno avait fait un voyage en Grèce. Cette circonstance avait été vivement souhaitée et attendue par son frère, alors comte de Marinella, qui avait résolu de la mettre à profit. Depuis longtemps déjà une passion effrénée remplissait le cœur de Marinella et lui avait suggéré l’atroce projet d’un fratricide. Mais d’autres causes encore conspiraient à lui faire hâter l’exécution de ce crime : dans une occasion importante, le comte de Bruno avait contrarié les vues folles et déréglées de son jeune frère et avait joint de justes reproches à l’exercice sévère de son autorité. Dès lors, Marinella avait conçu une haine profonde