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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/265

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pour son frère. Cadet de famille, il avait dissipé de bonne heure son petit patrimoine ; et l’amoindrissement de sa fortune, au lieu de lui inspirer des idées d’économie et de modération, l’avait porté à chercher des ressources honteuses dans mille expédients plus ou moins extravagants et coupables. Le comte de Bruno, quoiqu’il ne possédât qu’une fortune médiocre, était souvent venu à son aide, mais à la fin, le trouvant incorrigible et le voyant dissiper sans remords les épargnes de la famille, il avait refusé de lui fournir plus longtemps de l’argent au-delà de ce qui était nécessaire à ses premiers besoins.

« Il est difficile à une âme honnête de comprendre l’égarement d’un homme assez dépravé pour prendre son frère en horreur parce que celui-ci refusait de se ruiner pour satisfaire à son luxe et à ses plaisirs. Ce fut pourtant ce qui arriva. Traitant d’avarice et d’insensibilité odieuse la prudente économie du comte de Bruno, Marinella en conçut un ressentiment poussé jusqu’à la rage. Cette haine s’alimenta d’une foule d’autres circonstances et s’accrut encore par l’envie, la plus basse et la plus malfaisante des passions humaines. Marinella enviait le bonheur de son frère, son nom, sa fortune, la possession d’une femme jeune et belle ; et il s’abandonna à la tentation d’un crime qui pouvait lui transmettre tous ces avantages ; Spalatro lui était bien connu, et il ne craignit pas de confier à cet homme l’exécution de son horrible projet. Il lui acheta une petite maison, sur les bords de l’Adriatique, dans un endroit écarté et solitaire, où le bandit alla s’établir pendant un certain temps.