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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/86

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Elena dans sa cellule. Le jour suivant, on permit encore à la prisonnière d’assister aux vêpres, et elle se sentit ranimée par l’espoir de revoir sa religieuse préférée. Elle l’aperçut en effet agenouillée au même endroit et faisant sa prière, avant que le service ne fût commencé. Elena contint avec peine son impatience. Quand la religieuse se fut levée, elle fixa sur Elena ses regards attendris, accompagnés d’un sourire si expressif que l’orpheline, oubliant le lieu où elle se trouvait, voulut quitter sa place pour s’approcher d’elle. Mais, à ce mouvement, la religieuse rabattit son voile, en une espèce de reproche qu’Elena comprit ; aussi eût-elle la prudence de se tenir à sa place pendant toute la cérémonie. Après l’office, comme on sortait de l’église, sœur Olivia passa sans paraître faire attention à elle ; aussi Elena, contristée de cette indifférence, rentra-t-elle dans sa chambre tout abattue. Devait-elle donc renoncer à une sympathie si touchante et dont l’idée seule la consolait dans sa prison ? Pendant qu’elle rêvait ainsi, elle fut distraite par le pas léger d’une personne qui s’approchait de sa cellule. La porte s’ouvrit, et elle vit entrer sœur Olivia. Tout émue, elle se leva pour aller à sa rencontre, et la religieuse lui tendit une main qu’elle serra affectueusement dans les siennes.

— Vous n’êtes pas accoutumée aux privations ni à notre mauvaise viande, dit sœur Olivia d’un ton de compassion, en posant sur la table une petite corbeille qui contenait quelques provisions.

— Je vous comprends, dit Elena, avec un regard de reconnaissance. Vous avez un cœur accessible à la pitié ; ayant souffert vous-même, vous êtes heureuse