Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profiter de l’absence de son mari pour se soustraire à sa tyrannie, sans le dénoncer à la justice et sans entacher l’honneur de son nom. Elle se retira, pour toujours inconnue, au couvent de Santo-Stephano, tandis qu’on lui faisait des funérailles magnifiques. La signora Bianchi, après la fuite de sa sœur, vint habiter Villa-Altieri avec la fille de la comtesse et du premier comte de Bruno et une autre fille du second mariage de sa sœur avec Marinella. Craignant que sa retraite ne fût découverte, la signera Bianchi avait pris le nom de Rosalba. Mais contrairement à ce qu’avaient cru Schedoni et la fiancée de Vivaldi elle-même, Elena était la fille du premier comte de Bruno. Elle était âgée de trois ans et l’autre enfant, celle de Marinella, était encore au berceau. Celle-ci mourut dans l’année. C’était elle que Schedoni avait cru retrouver dans Elena. Car, forcé de se cacher aux yeux de Bianchi, il avait ignoré la mort de sa fille et son erreur fut confirmée lorsqu’Elena lui dit, que le portrait qu’elle avait sur elle était celui de son père. Elle avait trouvé cette miniature dans le cabinet de sa tante, peu de temps après la mort de cette dernière, et voyant au dos du portrait le nom du comte de Bruno, elle l’avait porté depuis ce jour avec le pieux respect de la tendresse filiale.

Bianchi, en apprenant à Elena sa naissance, ne pouvait, sans manquer de prudence, lui révéler que sa mère vivait encore. C’était ce qu’elle voulait lui apprendre à ses derniers moments ; mais la rapidité de sa mort avait prévenu cette explication.

Marinella, depuis la mort de son frère jusqu’à l’assassinat de la comtesse, avait dissipé son patrimoine. C’est ainsi qu’Elena s’était trouvée sans fortune. Quant à Olivia, elle entretenait secrètement une correspondance avec sa sœur Bianchi, elle y puisait le courage et la consolation. Lorsqu’elle vit Elena au couvent de Santo-Stephano, elle