Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saltérer près d’un ruisseau charmant, dont les cascades rafraîchissoient le gazon. Saint-Aubert ne pouvoit se repentir d’avoir choisi un chemin si fatigant ; ce jour même, pourtant, il fallut encore marcher, il fallut suivre long-temps, à pied, les bords d’un précipice, et gravir des montagnes qu’on eût pu croire inaccessibles. La sublimité, l’étonnante variété des points de vue dédommageoient Saint-Aubert de ses peines ; l’enthousiasme de ses jeunes compagnons augmentait le sien, et le ramenoit aux enivrantes émotions qu’avoit éprouvées sa jeunesse, quand, pour la première fois, la nature lui dévoila ses charmes. Il trouvoit du plaisir dans l’entretien de Valancourt, et il étoit frappé de la sagacité de ses observations ; le feu, la simplicité de ses manières faisoient un des objets les plus remarquables du tableau. Saint-Aubert découvroit en lui une justesse de sentiment, une élévation d’ame, que le commerce du monde n’avoit point dégradées ; il lui sembloit que ses opinions étoient formées plutôt qu’acquises ; elles paroissoient être le résultat de la méditation, plutôt que celui de la science. Valancourt, il est vrai, sembloit bien peu connoître les hommes, puisqu’il jugeoit favorable-