Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/115

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accompagne. Mais en pensant que son orgueil seroit peut-être plus satisfait de déployer son faste au milieu de ses concitoyens et de ses amis, qu’il ne l’auroit été en France, elle continua de se bercer des brillantes illusions qui d’abord l’avoient enchantée.

Les voyageurs, à mesure qu’ils descendoient, voyoient l’hiver faire place à tous les charmes du printemps : le ciel commençoit à prendre cette belle sérénité qui appartient au climat de l’Italie ; des places couvertes de verdure, des buissons fleuris, mille fleurs nouvelles se découvroient au milieu des rochers ; souvent ils en guirlandoient les antres sauvages, ou tomboient par touffes de leurs monceaux brisés ; les boutons encore tendres annonçoient le tardif épanouissement du chêne et du frêne, ils mêloient une teinte rougeâtre au feuillage entr’ouvert ; plus bas, paroissoient les orangers et les myrtes ; leurs pommes d’or brilloient au milieu du vert noir des feuilles, et contrastoient avec le pourpre des fleurs du grenadier et la pâleur des arbustes grimpans ; plus bas encore, s’étendoient les prairies du Piémont, où les troupeaux, dès le matin, s’engraissoient d’une abondante pâture.