Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/41

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préméditée. Elle nomma Valancourt ; et, trop agitée pour rester avec eux, elle courut se renfermer au château. Elle attendit long-temps, avec une inquiétude extrême, le résultat de la conversation. Elle n’imaginoit pas comment Valancourt s’étoit introduit chez sa tante avant d’avoir reçu la permission qu’il demandoit. Elle ignoroit une circonstance qui devoit rendre cette démarche inutile, dans le cas même où madame Chéron l’eût accueilli. Valancourt, dans le trouble de son esprit, avoit oublié de dater sa lettre. Madame Chéron n’auroit pu lui répondre ; peut être, quand il s’en souvint, ne regretta-t-il pas une distraction qui devenoit une excuse, et qui le dispensoit d’attendre un refus.

Madame Chéron eut un long entretien avec Valancourt ; et quand elle revint au château, sa contenance exprimoit plus de mauvaise humeur que de cette excessive sévérité dont Emilie avoit frémi. Enfin, dit-elle, j’ai congédié le jeune homme, et j’espère que je ne recevrai plus de pareilles visites. Il m’assure que votre entrevue n’étoit point concertée.

Madame, dit Emilie fort émue, vous ne lui en avez pas fait la question ? — Assurément, je l’ai faite ; vous ne deviez pas me