Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/150

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noirs qui les enveloppoient entièrement ; sous un de ces manteaux qui fut rejeté en arrière, elle vit plusieurs poignards de grandeur différente, à la ceinture d’un cavalier. Elle observa que presque tous en étoient chargés, et plusieurs y joignoient la pique ou le javelot ; sur leurs têtes étoient de petites capes italiennes, ornées la plupart de plumes noires ; ces capes donnoient aux traits une fierté singulière, et les figures qu’elles ombrageoient n’avoient pas besoin de ce secours. Emilie ne se souvenoit pas d’avoir vu réunies tant de physionomies sauvages et terribles. En les voyant, elle se crut entourée de bandits : une idée funeste s’empara d’elle ; c’est que Montoni étoit chef de cette troupe, et que son château étoit le lieu du rendez-vous. Cette étrange supposition ne fut que passagère.

Pendant qu’elle regardoit, Cavigni, Verezzi et Bertolini sortirent du vestibule, habillés comme le reste ; ils avoient seulement des chapeaux et de grands panaches noirs et rouges ; leurs armes différoient aussi. Quand ils montèrent à cheval, Verezzi rayonnoit de joie : Cavigni paroissoit gai ; mais son air étoit réfléchi, et il manioit son cheval avec une extrême grâce ; sa fi-