Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/180

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— C’est Ludovico, lui dit la pauvre fille, qui m’a mise ici. Après m’être sauvée du cabinet de madame, je courais sans savoir où. Dans cette galerie j’ai rencontré Ludovico. Il m’a confinée dans cette chambre, dont il a pris la clef, et tout cela, dit-il, pour qu’il ne m’arrivât pas de mal. Mais il étoit lui-même dans une telle frayeur, qu’à peine il m’a dit six paroles. Il m’a promis qu’il reviendroit, et qu’il me mettroit dehors lorsque tout seroit calmé. Il a la clef. Il est si tard. Je ne l’ai pas vu, et je n’en ai pas entendu parler. Ils l’auront tué.

Emilie tant à coup se rappela cette personne blessée qu’elle avoit vu apporter dans la salle. Elle ne douta pas que ce ne fût Ludovico ; mais elle n’en dit rien. Impatiente d’apprendre quelque chose sur sa tante, elle demanda le chemin de la tour.

— Oh ! n’y allez pas, mademoiselle ; pour l’amour de Dieu, ne me laissez pas là toute seule.

— Mais, Annette, reprit Emilie, vous ne pensez pas que je passerois la nuit dans cette galerie. Dites-moi le chemin de la tour. Demain matin je m’occuperai de votre délivrance.

— Vierge Marie ! dit Annette, resterai-je ici toute la nuit ? Je perdrai la tête de