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ses hôtes. Le combat n’a pas eu d’autre cause, ajouta Carlo. Mais je me flatte de ne jamais voir un tel spectacle dans ce château, quoiqu’on y prépare d’étranges choses. Elle le pria de s’expliquer. Ah ! signora, dit-il, il ne me convient pas de trahir aucun secret, ni d’exprimer toute ma pensée. Le temps dévoilera tout.

Elle le pria de délivrer Annette, lui désigna la chambre où cette pauvre fille étoit emprisonnée ; Carlo lui promit de la satisfaire. Comme il partoit, elle lui demanda quelles étoient les personnes nouvellement arrivées ; sa conjecture se vérifia, c’étoit Verezzi avec sa troupe.

Ce court entretien éclaircit un peu les idées sombres d’Emilie : c’étoit une consolation pour elle, que d’entendre dans ce château l’accent de la pitié.

Une heure se passa sans qu’Annette parût : enfin elle vint en sanglotant, et s’écriant, Ludovico ! Ludovico !

— Ma pauvre Annette, asseyez-vous bien vite, dit Emilie.

— Qui l’auroit prévu, mademoiselle ! ô misérable jour ! ô jour affreux ! Elle continua de gémir et de se lamenter : la mort, lui dit Emilie, la mort nous enlève souvent nos amis les plus chers. Soumettons-nous