Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/102

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les émotions qu’elle y avoit souffertes, et tout-à-coup se représenta la figure quelle avoit vue se dérober dans les arbres, et qui n’avoit pas répondu aux appels répétés de Michel ; elle éprouva quelque retour de la frayeur qu’elle avoit eue alors. Il n’étoit pas impossible que les bois servissent de repaire à des bandits : elle retourna promptement sur ses pas, et chercha à retrouver les danseurs ; en ce moment elle entendit des pas qui venoient de l’avenue. Éloignée encore des paysans, dont elle n’entendoit ni les voix, ni la musique, elle précipita sa course. La personne qui la suivoit la gagna de vîtesse : elle distingua enfin la voix d’Henri, et ralentit sa marche pour qu’il pût la rejoindre ; il exprima quelque surprise de la rencontrer aussi loin ; elle lui dit que les agrémens du clair de la lune l’avoient égarée plus loin qu’elle ne l’avoit compté. Une exclamation échappa au compagnon d’Henri, elle crut avoir reconnu Valancourt, c’étoit lui-même ; la rencontre fut telle qu’on peut se l’imaginer entre deux personnes si chères l’une à l’autre, et depuis si long-temps séparées.

Dans l’ivresse de ce moment Emilie oublia toutes ses peines : Valancourt sembloit oublier lui-même qu’il existât au monde une