Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/112

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foi n’en arrêtoit pas le succès, on l’avoit initié aux secrets de la profession, et qu’il avoit eu sa part dans certains profits. — Impossible, dit soudain Emilie ! Mais pardonnez-moi, monsieur, je sais à peine ce que je dis ; pardonnez à ma douleur : je crois, je dois croire que l’on vous a mal informé ; le chevalier, sans doute, a des ennemis qui ont envenimé ces rapports. — Je voudrais le croire, dit le comte, mais je ne le puis ; il n’y a que ma conviction, et l’intérêt que je prends à votre bonheur, qui aient pu m’engager à vous les répéter.

Emilie gardoit le silence ; elle se rappelloit les paroles de Valancourt, qui avoient découvert tant de remords, et sembloient confirmer le discours du comte : elle n’avoit pourtant pas le courage d’accueillir sa conviction ; son cœur étoit abîmé d’angoisses au seul soupçon du crime, et elle ne pouvoit en supporter l’assurance. Après une longue pause, le comte lui dit : — Je m’apperçois de vos doutes, je les trouve naturels ; il est juste que je vous donne la preuve de tout ce que je viens d’avancer : cependant je ne le puis, sans exposer quelqu’un qui m’est bien cher. — Quel danger appréhendez-vous, monsieur, dit Emilie ? Si je puis le prévenir, confiez-vous à mon