Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/130

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lui dire adieu. Toutes ses folies étoient presque effacées de son esprit, elle ne sentoit que sa douleur et sa pitié.

— Dites au moins, reprit Valancourt, que vous me verrez encore une fois ! Le cœur d’Emilie fut en quelque sorte soulagé par cette prière : elle s’efforça de croire qu’elle ne devoit pas s’y refuser ; néanmoins elle éprouvoit de l’embarras, en songeant qu’elle étoit chez le comte, et qu’il pouvoit s’offenser du retour de Valancourt ; elle consentit pourtant, à condition qu’il ne verroit, ni dans le comte un ennemi, ni dans Dupont un rival : alors il sortit tellement consolé par les deux mots d’Emilie, qu’il perdit le premier sentiment de son malheur.

Emilie se retira chez elle pour composer son maintien, et dérober la trace de ses larmes ; elle craignoit la censure de la comtesse et la curiosité de la famille ; elle eut cependant de la peine à rendre le calme à son esprit ; elle ne pouvoit bannir le souvenir de cette dernière scène, ni l’idée qu’elle reverroit Valancourt le lendemain : cette entrevue lui paroissoit plus terrible que la précédente.

Valancourt avoit fait une forte impression sur elle : en dépit de ce qu’elle savoit, de ce qu’elle croyoit à son désavantage,