Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/15

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dant le chagrin qu’il éprouvoit de sa méprise étoit adouci par le plaisir de la voir. Ils ne se disoient pas un seul mot ; Annette pensoit à cette surprenante fuite, et au train que devoient faire Montoni et les siens, qui sans doute ne l’ignoroient plus. Elle pensoit à sa patrie ; elle avoit l’espoir d’y retourner, et d’épouser Ludovico sans nul obstacle. La pauvreté ne lui en paroissoit pas un. Ludovico, de son côté, se félicitoit d’avoir arraché son Annette et la signora Emilie, au danger qui les menaçoit. Il s’applaudissoit d’échapper lui-même à des hommes dont les mœurs lui faisoient horreur. Il procuroit la liberté à M. Dupont ; il espéroit un bonheur très-prochain avec l’objet de ses amours. Enfin il avoit eu l’adresse de tromper la sentinelle, et de conduire toute l’affaire.

Occupés de leurs pensées, les voyageurs furent plus d’une heure en silence, sauf une question de temps à autre que faisoit Dupont sur la route, ou une exclamation d’Annette, sur un objet que le crépuscule ne laissoit voir qu’imparfaitement. À la fin, on vit des lumières sur le revers d’une montagne ; Ludovico ne douta pas qu’elles ne vinssent de la ville dont il avoit parlé. Satisfaits de cette assurance, ses compagnons