Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/178

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leurs alarmes, il avoit soin de le dissimuler ; et voulant prévenir l’inconvénient qui le menaçoit, il employoit le ridicule et le raisonnement pour détruire ces craintes et ces frayeurs surnaturelles. La peur avoit rendu tous les esprits inaccessibles à la raison. Ludovico prit ce moment pour prouver à-la-fois son courage et toute la reconnoissance que lui causoient les bons traitemens du comte. Il offrit de passer une nuit dans la partie de ce château qu’on prétendoit habitée par les revenans ; il ne craignoit, assuroit-il, aucun esprit ; et si quelque figure vivante paroissoit, il feroit voir qu’il ne la craignoit pas davantage.

Le comte réfléchit à cette proposition ; les domestiques qui l’entendirent se regardoient l’un l’autre, dans le doute et dans la surprise. Annette, effrayée pour la sûreté de Ludovico, employoit larmes et prières pour le dissuader de son dessein.

— Vous êtes un brave garçon, dit le comte en souriant. Pensez bien à votre entreprise avant que de vous y livrer. Si vous persévérez, j’accepte, et une telle intrépidité ne demeurera pas sans récompense.

— Je ne désire point de récompense, Excellence, reprit Ludovico, mais votre approbation. Votre Excellence a déjà eu trop