Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/37

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pas, sans une grande mortification, le dessein qu’avoit son époux ; elle se consoloit néanmoins en considérant que, si Blanche sortoit du couvent, l’obscurité de la province enseveliroit pendant quelque temps ses charmes.

Le jour du départ, les postillons s’arrêtèrent au couvent, par ordre du comte, pour prendre Blanche. Son cœur palpitoit de plaisir, aux idées de nouveauté et de liberté qui s’offroient à elle. À mesure que l’époque du voyage s’étoit rapprochée, son impatience étoit devenue plus forte ; et pendant cette nuit, la plus ennuyeuse qu’elle eût passée, elle avoit compté les minutes. L’aube du jour avoit paru ; la cloche du matin avoit sonné ; elle avoit entendu les religieuses sortir de leurs cellules, et s’étoit élancée de son lit pour saluer ce beau jour. Elle alloit se voir délivrée des entraves du cloître, et goûter la liberté dans un monde où le plaisir sourioit toujours, ou la bonté ne s’altéroit jamais, où le plaisir et la bonté régnoient sans nul obstacle. Quand on sonna à la porte de clôture, Blanche courut à la grille ; elle entendit le bruit des roues, vit dans la cour la voiture de son père ; elle sauta de joie en parcourant les corridors. Une religieuse vint la chercher,