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par ordre de l’abbesse, qui étoit au parloir à recevoir la comtesse, celle-ci parut à Blanche un ange qui alloit la conduire au temple du bonheur. L’émotion de la comtesse en la voyant ne fut pas de la même nature. Blanche n’avoit jamais paru aussi aimable, et le sourire de la joie donnoit à tous ses traits la beauté de l’innocence heureuse.

Après un entretien fort court, la comtesse prit congé de l’abbesse : c’étoit le moment que Blanche attendoit impatiemment, comme l’instant où alloient commencer son bonheur et le charme de sa vie. Étoit-ce donc le moment des larmes et des regrets ? Il le fut pourtant. Elle se retourna, d’un œil attendri, vers ses jeunes compagnes, qui pleuroient en lui disant adieu. Madame l’abbesse elle-même, si grave, si imposante, la quitta avec un degré de chagrin dont une heure auparavant elle ne se seroit pas crue capable. On peut le comprendre, si l’on considère avec quelle répugnance nous quittons des objets même désagréables, quand nous savons que c’est pour toujours. Elle embrassa les religieuses, et suivit la comtesse. Elle sortoit tout en larmes d’un séjour qu’elle avoit cru quitter en riant.

La présence de son père, les distractions