Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/71

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Elle soupira à cette vue, et suivit la comtesse et l’abbesse dans la chapelle. Les domestiques du comte étoient allés au château pour faire venir des voitures ; elles arrivèrent à la fin de l’office. La tempête étoit moins violente : le comte et sa famille retournèrent au château. Blanche fut surprise de découvrir combien les sinuosités du rivage l’avoient trompée sur la distance. C’étoit la cloche de ce monastère, qu’elle avoit entendue la veille dans le salon occidental, et elle auroit pu voir les tours, si les ombres de la nuit ne l’en eussent empêchée.

En arrivant, la comtesse affecta plus de lassitude que réellement elle n’en sentoit, et se retira chez elle. Le comte, sa fille et Henri, se réunirent au salon ; mais à peine y étoient-ils, que dans un intervalle d’ouragan, ils entendirent un coup de canon. Le comte reconnut le signal de détresse d’un vaisseau ; il ouvrit une fenêtre, qui donnoit sur la Méditerranée, mais la mer étoit enveloppée d’épaisses ténèbres, et le fracas de la tempête étouffoit tout autre son. Blanche se souvint de la barque, et toute tremblante, en avertit son père. En peu de momens, les coups de canon retentirent encore sur les vents, et s’envolèrent avec eux. La foudre s’élança des nues, avec un déchi-