Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/73

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pondoit à ce signal par le canon. Le vent emportoit le son. Mais à la lueur des éclairs, elle, croyoit voir le vaisseau bien plus près du rivage, que le bruit ne le faisoit juger.

Alors on vit les domestiques du comte courir de tous côtés, s’avancer à la pointe des roches, se pencher, tendre leurs flambeaux ; d’autres, dont on ne distinguoit la direction qu’au mouvement des lumières, descendoient par de dangereux sentiers jusqu’au bord de la mer, et appeloient à grands cris les matelots : on entendoit leurs sifflets, leurs foibles voix, qui s’efforçoient de répondre, et qui par intervalles, se mêloient avec la tempête. Ces cris subits, qui partoient des rochers, augmentoient la terreur de Blanche à un degré insupportable ; mais son tendre intérêt fut bientôt soulagé quand Henri, accourant hors d’haleine, lui apprit que le vaisseau avoit jeté l’ancre au fond de la baie, mais dans un tel délabrement, qu’il s’entr’ouvriroit peut-être avant que l’équipage fût débarqué. Le comte fit aussi-tôt partir tous les bateaux, et fit dire aux infortunés étrangers qu’il recevroit dans son château ceux qui ne pourroient trouver asyle dans le village voisin. De ce nombre furent Emilie Saint-Aubert, Dupont, Ludovico et Annette, qui, s’étant