Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/152

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me menèrent dans le fort où j’étois quand M. le comte arriva. Ils avoient soin de veiller sur moi, et m’avoient même bandé les yeux pour m’y conduire ; quand ils ne l’eussent pas fait, je ne crois pas que jamais l’eusse retrouvé mon chemin à travers cette sauvage contrée. Dès que je fus dans le fort, on me garda comme un prisonnier. Je ne sortais jamais sans deux ou trois de mes compagnons ; et je devins si las de la vie, que je désirois d’en être délivré.

— Mais cependant ils vous laissoient parler, dit Annette ; ils ne vous mettoient plus de bâillon. Je ne vois pas la raison pour laquelle vous étiez si las de vivre, sans compter la chance que vous aviez de me revoir.

Ludovico sourit, ainsi qu’Emilie, et Emilie lui demanda par quel motif ces hommes l’avoient enlevé.

— Je m’aperçus bientôt, mademoiselle, que c’étaient des pirates qui, depuis plusieurs années, cachoient leur butin sous les voûtes du château. Ce bâtiment étoit près de la mer, et parfaitement convenable à leurs desseins. Pour empêcher qu’on ne les découvrît, ils avoient essayé de faire croire que le château étoit fréquenté par des revenans ; et ayant découvert le chemin secret