Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/197

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personne pour qui elle affirmoit que la marquise le trahissoit. Laurentini avoit exigé le serment que jamais le rival du marquis ne seroit l’objet de sa vengeance ; elle pensoit qu’en la restreignant ainsi d’un côté, elle lui donneroit de l’autre plus d’atrocité et de violence : elle songea que le marquis en seroit plus porté à participer à l’acte horrible qui devenoit indispensable à ses desseins, et devoit anéantir l’obstacle qui sembloit seul empêcher son bonheur.

L’innocente marquise observoit avec une extrême douleur le changement de son époux envers elle. En sa présence, il étoit pensif et réservé ; sa conduite devenoit austère, et même dure ; il la laissoit en larmes, et pendant des heures entières elle pleuroit sur sa froideur, et faisoit des projets pour regagner son affection. Sa conduite l’affligeoit d’autant plus, qu’elle avoit épousé le marquis uniquement par obéissance : elle en avoit aimé un autre, et ne doutoit pas que son propre choix n’eût rendu son bonheur certain. Laurentini, qui ne tarda pas à le découvrir, en fit près du marquis un ample usage. Elle lui suggéra tant de preuves apparentes sur l’infidélité de sa femme, que dans l’excès de sa fureur et le ressentiment de l’outrage qu’il croyoit avoir reçu, il