Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieille Bonne ; ce n’est pas un tort, croyez-moi, que d’aimer un si bon jeune homme.

Emilie soupira.

— Comme il aimoit à parler de vous ! je l’aimois à cause de cela ; et même c’étoit moi qu’il faisoit parler de vous. Il ne faisoit pas de longs discours ; je devinai bientôt pourtant ce qui l’attiroit au château. Il alloit dans le jardin, il descendoit à la terrasse, il se couchoit sous les grands arbres pendant des jours entiers, un de vos livres dans la main ; il lisoit peu à ce que j’imagine. Un jour j’allai par cet endroit, et j’entendis parler. Qui peut être ici ? dis-je ; je n’ai laissé entrer dans le jardin que le chevalier. J’allai en ce moment pour découvrir… c’étoit le chevalier lui-même, qui tout haut se parloit de vous ; il répétoit votre nom ; il soupiroit ; il disoit qu’il vous avoit perdue pour toujours ; il disoit que jamais vous ne reviendriez pour lui. Je crus qu’il perdoit la raison : mais je ne lui dis rien, et je me retirai.

— Ne parlez donc plus de ces bagatelles, dit Emilie en sortant de sa rêverie ; cela me déplaît.

— Mais quand M. Quesnel eut loué le château, je crus que le chevalier mourroit de douleur.