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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

par la complicité féminine de la mère et de la fille. Alors que l’homme était heureux, que ce jour était pour lui un jour de fête, l’exceptionnel de ce même jour faisait souffrir les deux femmes. Elles pensaient qu’elles pourraient vivre ainsi chaque jour. Au moins leur plaisir eût-il été de faire croire, à un inconnu comme François, qu’elles étaient habituées à ces robes, au théâtre, aux premières classes. Mais l’attitude de leur bête d’homme était un aveu.

François ne détestait rien tant que cette honte qu’éprouvent certaines femmes des classes médiocres pour l’homme à qui elles doivent tout.

La mère et la fille, furieuses, ne se contentaient plus maintenant de sourire, elles tenaient tête. Alors que l’homme s’extasiait en bloc sur l’intérêt de la pièce, l’excellence des acteurs, du dîner au restaurant, le moelleux des coussins du wagon, elles opposaient de l’humeur à son enthousiasme : « le wagon était

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