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Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/130

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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Lui qui eût voulu pouvoir rester sans mot dire, bouche bée devant Mahaut, il se torturait l’esprit pour parler à ses voisines.

Les personnes dont François redoutait le plus le voisinage à table étaient les garçons de son âge, fades jeunes gens du monde, dont il se croyait méprisé, alors qu’ils l’enviaient à cause de l’affection d’Anne, affection à laquelle ils n’osaient prétendre. Car pour eux qui le connaissaient depuis toujours, Anne d’Orgel restait l’aîné. Il les traitait d’ailleurs un peu en collégiens et François, parce qu’Orgel ne l’avait pas connu enfant, ne lui représentait pas le même âge qu’eux. Si François avait deviné l’envie qu’il leur inspirait, il les eût sans doute trouvés plus aimables.

Dans ces soirées, François n’aspirait qu’à se faire oublier de tous, comme il oubliait tout le monde, à l’exception de Mahaut. Mais Anne d’Orgel ne

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