Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/39

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du bonheur d’être aimé par une si adorable créature, lorsque j’entendis frapper à ma porte. C’était sir Edwards qui venait s’installer à Prato jusqu’à notre départ pour Montepulciano. Malgré toute l’amitié que me témoignait depuis quelque temps le fils de M. Palmer et la sympathie réelle que j’avais pour lui, je ne fus que médiocrement satisfait de son arrivée. Je pressentais que la nécessité de lui faire bonne compagnie, ne me permettrait pas de voir Pia aussi souvent et aussi librement que je le désirais. Néanmoins je fis contre mauvaise fortune bon cœur.

Dès le soir même sir Edwards voulut visiter les environs de Prato. Je profitai de son éloignement pour aller auprès de Pia et lui faire part du contre-temps qui nous était survenu. Elle m’en témoignait encore une fois tout son déplaisir lorsque l’Américain, qui m’avait aperçu en rentrant, fit son apparition dans la boutique. J’étouffai dans mon cœur une malédiction, et je me disposai à sortir. Mais lui, avec le sans-gêne d’un vrai Yankee, prit un siège, et dit :

— J’ai une faim de loup, et puisqu’il y a ici de quoi manger, j’y reste. Voici des cressini fort appétissants.

— Mais, sir Edwards, m’empressai-je de lui dire, si vous voulez rentrer chez moi la Gazza vous servira tout ce que vous désirez.