Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/54

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qu’ainsi nous pourrions rester quelque temps ensemble loin de tout témoin. Cette assurance me transporta de joie, et je partis le cœur frémissant d’espoir. Pendant tout le trajet de Fiesole à Prato, je n’eus qu’une pensée, celle de Pia, et mon imagination parcourut un à un tous les rêves que l’amour peut faire naître dans l’esprit d’un jeune homme de vingt ans.

L’impatience de revoir celle qui était devenue l’idole de ma vie fit deux longs siècles de mes deux jours d’attente.

Fidèle à sa promesse, Pia, à qui j’avais dit que j’arriverais de bon matin au bas de la montagne de Fiesole, m’attendait dès six heures sur le bord de la route, tenant endormi sur ses genoux le pauvre petit Nino, qui, éveillé trop tôt sans doute, rattrapait ainsi le sommeil perdu. Il était sept heures environ quand je parus devant elle. J’étais rayonnant de bonheur, et tandis que je la remerciais, l’enfant rouvrit les yeux et me tendit ses petits bras sans pouvoir vaincre entièrement la somnolence qui le tenait. Je l’embrassai bien tendrement, et il retomba sur les genoux de Pia. Je m’assis auprès d’elle.

Nous fûmes quelques instants à nous regarder sans rien dire. Mais autour de nous tout parlait dans la nature ; les insectes commençaient à bruire dans l’herbe, les oiseaux