Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/61

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Lorsqu’après ce court accès de délire je me retournai pour regarder Pia, je la vis immobile comme une statue, pâle comme une morte.

Je m’approchai, mais de sa main froide comme la glace, elle m’écarta sans prononcer une parole. Tous mes efforts pour la faire parler ou sourire restèrent impuissants. Elle voulut partir dans l’après-midi. Quand je lui proposai de l’accompagner jusqu’à la voiture, elle me regarda d’une façon si étrange, que je ne trouvai plus la force d’insister.

Mais me croyant bien inspiré, et espérant la contraindre à rester, je m’emparai de Nino, en disant :

— Eh ! bien, cet enfant ne partira pas avec vous !

— Cet enfant doit partir avec moi, monsieur ! répliqua-t-elle d’une voix froide et solennelle.

J’embrassai Nino avec une espèce de fureur désespérée, et le déposai à terre.

La pauvre petite créature tout étonnée tenait la main de Pia et la mienne et cherchait à m’entraîner. Je m’écriai des larmes dans la voix :

— Tu vois bien, Nino, qu’elle ne le veut pas.

— Ah ! signor Carlo, qu’avez-vous fait ? s’écria à son tour Peppina désolée, et se jetant au-devant de son amie : Pia, tu ne m’en veux pas au moins ? Donne-moi ta main, et disons-nous au revoir.

Pia tendit sa main et murmura : Adieu !

— Non, tu ne partiras pas ainsi, continua