Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/8

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rues. Elle avait son entrée sur la façade la plus longue. Après avoir franchi la porte cochère et la voûte, on arrivait dans une vaste cour, suivie d’un immense jardin. À gauche de la cour, au rez-de-chaussée et touchant au jardin, se trouvait l’atelier. Trois pièces au-dessus de l’atelier formaient mon appartement. Dès les premiers jours, décidé à ne pas perdre mon temps en allées et venues, j’avais pris une bonne vieille femme pour domestique. Elle préparait mes repas, et tenait en ordre la maison, y compris l’atelier. On l’appelait la « Gazza », la Pie, sans doute par antiphrase ; car elle ne parlait presque jamais.

À peine étais-je installé depuis deux mois, que je vis les voyageurs étrangers, surtout les Anglais, affluer dans mon atelier. J’eus le bonheur de vendre un très bon prix des bustes et des statuettes qui étaient mes premiers essais. Peu à peu des commandes assez importantes me furent faites. Je travaillais avec ardeur, et ne prenais d’autre distraction que celle de la promenade. Encore lorsque je sortais, j’étais tellement absorbé par la pensée de mon travail, que je ne faisais aucune attention aux objets environnants. Le plus souvent je prenais à droite de la maison, et tournant à l’angle, je gagnais la campagne. Il paraît que cette vie casanière