Page:Raimond - Origine des troubles de Saint-Domingue, 1792.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(29)

l’égard des hommes de couleur, lorsque le décret du 12 octobre y arriva avec les deux bataillons de Normandie et d’Artois. On sait comment, avec un faux décret, on trompa les soldats du régiment du Port-au-Prince, et comment ils assassinèrent leur colonel Mauduit, dont le corps fut ensuite déchiré et mis en pièces.

Les papiers publics de la colonie font mention d’une femme blanche du Port-au-Prince qui, oubliant son sexe et sa pudeur, commit sur les restes du colonel Mauduit une action atroce. Ces mêmes papiers font encore mention d’un blanc qui envoya à son ami, à soixante lieues du Port-au-Prince, des morceaux des chairs de ce colonel, pour lui prouver physiquement qu’il avoit été tué.

Les soldats et le peuple du Port-au-Prince furent livrés, les jours suivans du massacre de M. Mauduit, à la joie la plus barbare ; le vin et les liqueurs leur étoient prodiguée. On voit, dans un imprimé de ce temps, qu’une cabaretière porta à la municipalité du Port-au-Prince un compte de 9,000 liv., pour boissons fournies aux troupes[1].

  1. Tous ces faits se trouvent dans le Courier du Cap-François, rédigé par M. Gotereau, le même qui a été embarqué au Cap par un ordre arbitraire de l’assemblée coloniale.