Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

teuses, que lui jetait encore une foule assise sur les plates-formes des maisons. Aucun homme, aucune femme ne pouvait séparer de lui ses regards, ni lui reprendre son âme, ravie par les qualités d’un héros si plein de majesté.

Râma vit son père assis dans un siège, en compagnie de Kêkéyî, et montrant la douleur peinte sur tous les traits de sa figure desséchée par le chagrin et l’insomnie. D’abord, s’étant prosterné et joignant les mains, il toucha du front ses pieds ; ensuite et sans tarder, il s’inclina de nouveau et rendit le même honneur à ceux de Kêkéyi.

Le fils de Soumitrâ vint après lui honorer les pieds du roi, son père ; et, plein de modestie comme d’une joie suprême, il salua également ceux de Kêkéyî.

À l’aspect de Râma, qui se tenait en face de lui avec un air modeste, le roi Daçaratha n’eut pas la force d’annoncer l’odieuse nouvelle à ce fils sans reproche et bien-aimé. À peine eut-il articulé ce seul mot : « Râma ! » qu’il demeura muet, comme bâillonné par l’impétuosité de ses larmes ; il ne put dire un mot de plus, ni même lever ses regards vers cet enfant chéri.

Quand Râma, assiégé d’inquiétudes, vit cette révolution, qui s’était faite dans l’esprit de son père, si différent de ce qu’il était auparavant, il tomba lui-même dans la crainte, comme s’il eût touché du pied un serpent.

Alors ce noble fils, qui trouvait son plaisir dans le bonheur de son père, se mit à rouler ces pensées en lui-même : « Pour quel motif ce roi ne peut-il soulever ses yeux sur moi ? Pourquoi n’a-t-il pas continué son discours,