Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/129

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sirer vivre un seul instant, après ma désobéissance à l’ordre même de mon père !

« Calme-toi, vertueux Lakshmana, si tu veux une chose qui m’est agréable. La stabilité dans le devoir est la plus haute des richesses : le devoir se tient immuable.

« Laisse donc une inspiration sans noblesse, indigne de la science que professe le kshatrya ; et, rangé sous l’enseigne de nos devoirs, conçois une pensée vertueuse, comme il te sied. »

Il dit ; et, quand il eut achevé ce discours à Lakshmana, dont l’amitié augmentait sa félicité, Râma joignit ses deux mains en coupe et, baissant la tête, il adressa encore ces paroles à Kâauçalyâ : « Permets que je parte, ô ma royale mère ; je veux accomplir ce commandement, que j’ai reçu de mon père. Tu pourras jurer désormais par ma vie et mon retour : ma promesse accomplie, je reverrai sain et sauf tes pieds augustes. Que je m’en aille avec ta permission et d’une âme libre de soucis. Jamais, reine, je ne cèderai ma renommée au prix d’un royaume : je le jure à toi par mes bonnes œuvres ! Dans ces bornes si étroites, où la vie est renfermée sur le monde des hommes, c’est le devoir que je veux pour mon lot, et non la terre sans le devoir ! Je t’en supplie, courbant ma tête, femme inébranlable en tes devoirs, souris à ma prière ; daigne lever ton obstacle ! Il faut nécessairement que j’aille habiter les bois pour obéir à l’ordre que m’impose le roi : accorde-moi ce congé, que j’implore de toi, la tête inclinée. »

Ce prince, qui désirait aller dans la forêt Dandaka, ce noble prince discourut longtemps pour fléchir sa mère : elle enfin, touchée de ses paroles, serra étroitement une et plusieurs fois son fils contre son cœur.